
Durant les troubles révolutionnaires, la statue et les reliques de St Césaire furent préservées de la profanation et de la destruction, par la piété et le dévouement d'un forgeron de Maurs, nommé Césaire BORIE, beau-père de Mme BORIE, de qui je tiens les détails (Firmin SUC dans son livre "Vie populaire de St-Césaire" édité en 1891) qui vont suivre.
Il était de tradition dans cette famille que le fils aîné portait le nom de Césaire. Celui-ci demeurait dans la maison achetée récemment, par les sœurs du Saint-Enfant-Jésus et faisant actuellement partie de leur établissement.
BORIE, ont dit des témoins oculaires, faisait le républicain, mais il ne l'était pas. Quant les Jacobains de l'endroit allèrent à l'église paroissiale pour la dépouiller des objets qui avaient quelque valeur, Césaire s'y rendit avec eux. Déjà on avait brisé plusieurs statues, partagé en deux la figure de Saint-Antoine. Le malheureux qui avait commis cet acte sacrilège, mourut plus tard, la figure rongés de moitié par un chancre affreux. Le buste de Saint-Césaire était sur le point d'être profané à son tour, lorsque BORIE s'avança en disant : "Celui-ci est mon patron; je l'emporte !"
Il l'emporta en effet et l'enfouit dans une fosse creusée dans le sol même de la maison. D'autres prétendent qu'il le cacha d'abord sous une dalle de l'église, derrière la grande porte d'entrée, du côté gauche, mais craignant sans doute qu'il n'y fût pas en sûreté, il l'emporta chez lui.
Plus tard Césaire fut soupçonné de faux Républicanisme, il fut même menacé; mais il refusa toujours de dévoiler la cachette où il avait déposé son pieux trésor. Une fois le culte catholique rétabli à Maurs, c'est-à-dire après le 15 septembre 1803, jour ou M. JALENQUES fut mis en possession de la cure, Césaire BORIE remis au jour la précieuse relique et la rendit à l'église du monastère, devenue l'église paroissiale (en 1790). Ce brave chrétien mourut le 11 juillet 1826, âgé de 66 ans et fut enterré à côté de la croix du cimetière.
Sous M.PICOU, curé de Maurs de 1830 à 1849, le corps de BORIE fut, dit-on, retrouvé intact par CASTILLAC, le vieux fossoyeur, mais Mr le curé, craignant sans doute que le peuple ne canonisât trop facilement Césaire, défendit au fossoyeur d'en rien dire. Si le fait est exact, il n'aurait rien de surprenant. Saint-Césaire aurait bien pu préserver de la corruption de la tombe celui qui, au péril de ses jours, avait préservé ses reliques de la destruction en les cachant dans la terre.
Quoi il en soit de ce détail, le sauveur du buste à tant de point de vue, avait la confiance et l'estime de tout le monde, en particulier de MM.de PEYRONENQ, de SAIGNES et de BOUTARIC de Laborie, qui le visitaient quelquefois. Le jour même de sa mort, ayant reçu, comme à l'ordinaire de SAIGNES, et de BOUTARIC, il leur dit : "A minuit, je serai plus de ce monde". Effectivement ayant réuni ses enfants autour de son lit, il leur fit ses dernières recommandations, et à minuit sonnant il expirait.
Source : "Vie populaire de St-Césaire" de Firmin SUC et édité en 1891