Il y a environ 14 mois, Mme BROUSSAL, du village de Lacaze, tomba gravement malade et eut une pleurésie à forme purulente. Elle fut soignée par deux médecins : 👨⚕️le docteur LABORIE, de Maurs, et le docteur SÉNAT, de Bagnac, qui, ensemble ou tour à tour, lui prodiguèrent leurs soins. Cependant, la malade ne se remettait pas et allait au contraire en s'affaiblissant tous les jours.
🩺 Ces trois derniers mois, son état s'aggrava encore. Continuellement couchée, elle ne pouvait pas faire un mouvement, pas même s'assoir sur son lit pour se faire ausculter, affirment les deux docteurs ; de plus, son intestin ni son rein ne fonctionnaient plus, et elle avait, jusqu'à deux et trois fois par semaine, des vomissements de sang qui la laissaient chaque fois si déprimée que son entourage croyait ses derniers moments arrivés.
La science se déclarait impuissante ; ceux qui la visitaient avec douleur sa fin prochaine, quand elle les décida à faire ce qu'elle désirait depuis longtemps, aller à Lourdes, où elle partit accompagnée de son mari, de sa sœur et d'une religieuse des garde-malades de Maurs.
🚂 C'est sur un matelas et dans un char traîné par des bœufs qu'elle arriva à la gare de Maurs, le 5 octobre dernier. Une institutrice laïque que se trouvait sur le quai au moment où on la montait dans le train, manifesta son indignation d'un fait d'après elle aussi inhumain et s'écria : "En voilà une aussi qui reviendra sûrement à l'état de cadavre !" Deux ouvriers de l'usine qui avaient aidé à l'installer affirmèrent aussi : "Si celle-là revient guérie, ce sera un fameux miracle !"
La malade, cependant, avait la plus grande confiance et répétait à tout instant aux siens : "Vous verrez : je reviendrai guérie !" Elle avait tenu, d'ailleurs, à emporter une robe, un chapeau et des chaussures, pour mettre quand elle marcherait, disait-elle, et cela malgré l'avis de sa famille, qui lui disait qu'on trouverait bien ce qu'il faudrait à Lourdes, au cas où elle guérirait.
La première partie du voyage, jusqu'à Toulouse, se passa à peu près bien, et la malade, allongée sur une banquette, ne souffrit pas trop. Mais le changement de train lui fut pénible et son visage devint tellement exsangue qu'on crut qu'elle allait passer.
Arrivée à Lourdes, on voulut lui faire prendre un peu de repos ; ce fut inutile et comme la Grotte n'était pas encore ouverte, on l'installa dans un coin de l'hospice de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, ou elle attendit avec impatience le moment où on la conduirait à la piscine.