Le 2 mai 1739, Pierre LACARRIERE, prêtre religieux, ancien sacristain du monastère, cède audit monastère un bois châtaigner, cis aux appartenances du village de Germès, à la condition que le sacristain d'alors et ses successeurs entretiendront la lampe qui est devant l'autel de Saint Césaire, dans l'église du monastère, depuis les premières vêpres de chaque dimanche jusqu'aux secondes, et durant toute l'octave de la fête du Saint, jour et nuit. De plus, s'il y a un excédent de revenu, il sera employé à la réparation du reliquaire ou de la chapelle du Saint. Ce bois était affermé dix livres à la fin du dernier siècle. Trente-cinq ans plus tard, DARSES, prêtre-bénédictin s'oblige de tenir la sacristie et, entre autres choses, de fournir l'huile de la lampe de Saint-Césaire, du samedi à vêpres jusqu'aux vêpres du dimanche, et de payer les porteurs de la relique de Saint Césaire, le jour de la fête (1er mai 1774).
Ajoutons que les registres de baptême aux XVIIIe et XVIIIe siècles, témoignent que le nom de Césaire était donné à beaucoup d'enfants. Encore aujourd'hui plusieurs familles se font l'honneur d'imposer à leurs nouveaux nés le nom béni du glorieux patron de la localité.
Après les documents, interrogeons les monuments. L'église actuelle, avons-nous dit, fut bâtie dans le courant du XIVe siècle, mais le style du portail, qui regarde le couchant, annonce le XVe siècle. On y voyait jadis, dans une niche en pierre, une statue du Saint patron. Au-dessous se voit l'écusson abbatial de la crosse et de la (P98) mitre, mais les armoiries en ont disparu, brisées par la Révolution.
Dans le commencement de ce siècle, on voyait encore à la fenêtre centrale du chevet, un vitrail portant la date de 1406, qui représentait, entre autres figures, Saint Césaire en habits pontificaux.
Un second vitrail, posé en 1853, l'a remplacé et montre le Saint Patron avec la crosse, la mitre et le pallium, insigne que le grand archevêque fut le premier à recevoir du pape. De la main droite il tient une plume et de la gauche un livre, attribut des docteurs.
Sur un panneau des belles boiseries du chœur, sculptées au XVIe siècles,
Saint Césaire est aussi représenté, mais un peu différemment. La main droite est levée et bénit à la manière latine, c'est-à-dire avec trois doigts ouvert ; la main gauche porte une crosse dont la partie supérieure manque et un livre, sans doute le livre des Evangiles. Il le tient ouvert comme pour inviter les générations qui le suivent à garder toujours les principes de l'Evangile, et à savoir, quand il le faut, s'inspirer de ses maximes.
Quant à la chapelle où sont actuellement conservées les reliques de Saint Césaire, elle me parait avoir été reconstruite au XVIIe siècle, sur l'emplacement d'une chapelle plus ancienne, dont on retrouve des vestiges. Cette construction est adossée à un pan coupé de l'église (côté du sud), mais elle ne lui est pas exactement parallèle, ce qui produit un effet assez disgracieux. Elle mesure dans œuvre 8 mètres 50 de longueur, sur 3 mètres de largueur.
L'entrée de la chapelle est dans le chevet de l'église, du côté droit, c'est une ouverture étroite, percée en biais dans les deux murs, celui de la chapelle et celui de l'église. A côté de l'entrée, on remarque le tronc de Saint Césaire, creusé dans l'épaisseur de la muraille, garni de ferrures et d'un verrou très solides.
A la suite de ce tronc se trouve une grande ouverture carrée, depuis longtemps fermée et servant aujourd'hui d'armoire. Pourquoi cette ouverture ? sinon pour permettre aux pèlerins de voir la statue-reliquaire sans l'approcher. Anciennement en effet cette ouverture, comme l'entrée de la chapelle, était défendue par une grille en fer, à barreaux épais, pour empêcher les vols de reliques, si fréquents au Moyen-Âge.
Si nous entrons dans la chapelle, nous la voyons éclairée par trois fenêtres, dont deux percées dans le mur du midi, mais inégales de dimensions et de formes, affectent des prétentions à l'ogive ; la troisième qui s'ouvre à l'ouest est absolument sans caractère et paraît être plus récente.
La voûte soutenue par des arcs ogives assez purs est divisé en deux travées, dans chacune desquelles sont peints quatre bustes de Saints. Ce sont, dans la travée du fond : Saint Louis, Sainte Elisabeth, Sainte Scolastique et Saint Joseph. Dans la travée où est l'autel : Saint Césaire, Saint Pierre, Saint Paul et Saint Benoît. Ces peintures ont été faites en 1868. Les deux clefs de voûtes sont intéressantes pour fixer la date de la construction, par le moyen des écussons qu'on y voit gravés.
🛡️ Le premier écusson porte au 1er et au 4è un château crénelé, surmonté de trois donjons, qui sont les armoiries du château de Murat-la-Gasse et de Castelnau ; au 2è et 3è un lion qui est de Carlat, ou mieux Châteauneuf, le tout surmonté de la mitre et de la crosse abbatiale. Un Guy de CHÂTEAUNEUF était abbé en 1508 et un Guy de CASTELNAU en 1524. Nous serions portés à voir dans cet écusson le sceau du monastère qu'on aurait composé des armoiries réunies de deux nobles abbés du commencement du XVIème siècle. Ces même armoiries se voient aussi sur la stalle du milieu, au cœur de l'église.
Le deuxième écusson porte au 1er trois fasces et 2è un roc d'échiquier. D'après le Journal de Firmin SUC, ces armes sont celles des deux premiers dignitaires du couvent, Antoine CARTANÈDE, cellerier, et Gabriel de ROQUEMAUREL, sacristain, mentionnés dans un acte de 1674, par les soins desquels la chapelle aurait été restaurée, où même refaite. Si on a réuni ici leurs armes, c'est apparemment parce qu'il manquait une clef de voûte pour y mettre un troisième écusson.
Quoi qu'il en soit de la date précise de la construction de cette chapelle, et du nom de ceux qui l'élevèrent, elle n'en témoigne pas moins, dans son muet langage, de la pitié des religieux et des pèlerins envers Saint Césaire, dans la période qui a précédé la Révolution.
🔔 Pour passer à un autre ordre de monument, on est surpris, vu la grande dévotion de Maurs pour son patron, de ne trouver son nom sur aucunes des quatre cloches renfermées dans le clocher de l'église et fondues à des dates différents.
La plus ancienne est 1773, la plus récente de 1831.
Deux sont dédiées à la Sainte Vierge, une à Saint Sulpice, aucune à Saint Césaire.
Source : 📖 "Vie Populaire de Saint Césaire, Archevêque d'Arles, Patron de Maurs" par Firmin SUC , Maursois de naissance 1864-1887